Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/50

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rale, admise et démontrée par un grand nombre de savants illustres. Je craignais donc grandement, même après avoir perfectionné mon livre pendant plusieurs années, d’être taxé d’arrogance, en le confiant au public. Cependant, je vous ai d’abord présenté mon œuvre, je l’ai confirmée devant vous par l’anatomie, j’ai répondu à vos doutes et à vos objections ; et l’opinion de votre savant président m’a été favorable. Je suis persuadé que si j’ai pu soutenir ma théorie devant vous, devant notre collège, si riche en savants éminents, je n’ai plus guère à redouter les autres objections.

Par amour de la vérité, vous m’avez encouragé, ce qui a été ma principale consolation. Aussi j’espère que ceux qui aiment la science comme vous feront de même. Les vrais philosophes, en effet, ceux qui sont enflammés par l’amour de la vérité et de la science ne se trouvent jamais si σοφούς, et si pleins de science, et si convaincus d’avoir raison, qu’ils ne donnent une place à la vérité, quelle que soit son origine. Il n’y a pas d’esprit assez étroit pour croire que chaque art ou chaque science nous ont été légués par les anciens dans un état de perfection absolue, telle que rien ne reste plus au génie et aux efforts de leurs successeurs.

Au contraire, presque tous les philosophes reconnaissent que ce que nous savons est une petite part de ce que nous ignorons. Ils ne sont pas assez asservis à la tradition et aux vieilles doctrines, pour perdre leur liberté et ne pas ajouter foi à leurs propres yeux. Ils ne jurent pas assez sur la parole de leurs maîtres, les