Page:Harvey - Les armes du mensonge, 1947.djvu/4

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chrétienne, quand notre principale alliée de l’Est représente un totalitarisme ennemi de la liberté, de la démocratie et de la chrétienté ? »

Cette pensée troublante accabla dès lors des millions de consciences honnêtes. Au cours d’une assemblée tenue au Forum de Montréal, où l’Association de l’Aide à la Russie m’avait invité à prononcer un discours, je crus de mon devoir de jeter cette douche d’eau froide sur trois mille communistes réunis là pour applaudir leurs idoles rouges : « Nous, les démocrates, nous sommes aussi loin du totalitarisme de la gauche que de celui de la droite, car nous ne préférons pas la morsure du chien à celle de la chienne. Mais voici que notre maison est en feu. Le temps serait mal choisi de demander des comptes au voisin qui accourt pour jeter de l’eau sur les flammes. »

Les libéraux du monde entier prirent la même attitude. Ils n’avaient pas le choix. La logique de la guerre devait l’emporter, chez eux, sur la logique des idées et des principes.

Les propagandistes de l’extrême-gauche ne connurent plus ni frein ni gêne. Désormais sûrs d’une longue trêve, au cours de laquelle ils agiraient sans entraves, à l’ombre d’une alliance imposée par la nécessité, ils déployèrent un effort considérable pour jeter les esprits dans la confusion et préparer le sabotage de la civilisation occidentale.

Nous recueillons aujourd’hui les fruits vénéneux de cette semence de mensonges.

Mot d’ordre des rouges


Le premier soin des saboteurs de la civilisation occidentale fut de donner à certains mots importants un sens qu’ils n’eurent jamais. Dans leur bouche, les termes libéral, démocrate, fasciste et bien d’autres, ne retinrent plus rien de leur signification première.

Par exemple, un journaliste libéral, dans leur vocabulaire fantaisiste, devint le bonhomme qui appuyait invaria-

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