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Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/159

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les demi-civilisés

diez, que vous n’aviez plus rien à désirer d’elles. Pas vrai ?

— C’est vous, rien que vous, que je cherchais à travers elles, lui dis-je, ému et piqué.

— Même si c’était moi que vous cherchiez, votre seul instinct vous guidait. Me chercher ainsi, moi ? Pensiez-vous sincèrement que c’était la façon de me trouver ?

Comme se parlant à elle-même, elle ajouta, sans ironie, cette fois :

— Vous arrêterez-vous jamais, vagabond de l’amour ? Qu’est-ce que ça vous donne de changer sans cesse ? Qu’est-ce que ça vous donne ? oui, qu’est-ce que ça vous donne ? Tant d’esprit, tant d’énergie, tant d’heures précieuses, perdus en marivaudages !

Elle releva la tête et me regarda dans les yeux :

— Est-ce que je n’ai pas raison, dites ? Moi, une petite fille, je vous dis toutes ces choses parce que je les sais vraies et que je veux votre bien. Je suis beaucoup plus raisonnable que vous.

— Dorothée, c’est vous-même qui avez désaxé ma vie. Vous le savez. Ce n’est pas ma justification, c’est mon excuse, et vous aurez la loyauté de l’admettre.

Elle ne répondit pas. Mon cœur bondissait de colère, d’amour et de haine :

— C’est bien à vous de me condamner, quand vous avez la responsabilité de mes défaillances. Rappelez-vous les circonstances de notre rupture…

— De notre séparation.