ment que j’en restai muet. Puis je commençai à trembler. Il ne faut pas, pensai-je, me laisser passer le carcan.
— J’accepterais à une condition, dis-je.
— Vous dites ? C’est moi qui donne et c’est vous qui m’imposez une condition ?
— Même très dure.
— Allez-y, puisque vous y tenez.
— Si je prends votre argent, promettez-vous de laisser à moi-même et à mes collaborateurs toute la responsabilité de la revue ?
— Vous avez l’air d’oublier que c’est le père Meunier qui paie.
— Je ne l’oublie pas. Seulement, je pense qu’on ne pourrait remplir une mission et suivre une ligne droite sans liberté.
— Il serait peut-être bon que j’aie l’oeil à vos affaires. Vous pouvez être intelligent et ne rien entendre à l’administration.
— Remarquez que je ne vous blâme pas. Vous avez raison de surveiller l’emploi de votre argent. Aussi n’ai-je pas même remué le petit doigt pour obtenir une faveur de vous. C’est mademoiselle votre fille qui a pris l’initiative. Je l’en remercie, mais sa proposition me semble irréalisable.
— Vous êtes une mauvaise tête. Pas de sens pratique du tout ! À votre place, j’aurais sauté à pieds joints sur une chance comme celle-là ! Vous n’irez pas loin avec