Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/18

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de bon sens, d’activité et d’invention, en donnant des leçons aux autres, qui ne nous valent pas, pourquoi ne pas viser à cela, nous qui mentirions à notre sang, si nous ne savions pas être originaux ? Quelqu’un a dit : Au vingtième siècle, nous ne verrons plus de champs sans maîtres. Celui qui ne bêchera pas son patrimoine sera dépossédé.

Au fil de ces réflexions, le cœur de Marcel s’orientait. Une vision venait de le terrasser ; le sens de sa mission lui apparaissait plus nettement. Son âme, naturellement compatissante s’ouvrait à toutes les pitiés ; mais il n’avait que vingt-quatre ans, et la vie, jusque-là, ne lui était connue que par fragments. Il n’avait toujours cru qu’en l’action. L’action, pourvu qu’elle eût un but pratique, avait été son seul idéal philosophique. L’idée de bienfaisance n’était nullement entrée dans son programme d’avenir. C’est pourquoi il avait fait deux parts de son temps : le travail et la joie. Il s’était livré à l’ivresse de vivre, à l’haleine ardente du printemps qui lui brûlait les veines. Sa grande intelligence était emportée dans un torrent d’optimisme, et sa chair saine était assez forte pour résister à l’intensité de sa pensée et à la véhémence de ses passions.

Il était imprégné de génie français. L’ata-