Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/219

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veloppes à lui adressées par la main de Claire. En les voyant il appréhenda un malheur. Il lut tout d’une haleine. En apprenant la fuite et le secret de Claire, sa consternation et sa surprise furent à leur comble. Lui qui, depuis quelques jours, avait éprouvé les émotions les plus fortes et les plus contradictoires, crut qu’il allait succomber à ce nouveau coup reçu en pleine poitrine. En un instant, toute l’histoire des dernières années se déroula dans sa pensée. Il revit l’œil de Claire se rivant longtemps sur le sien, la rougeur de son front, chaque fois qu’il y portait les lèvres, le frémissement de ses nerfs, quand il caressait sa chevelure. Il comprenait tout, maintenant. Elle avait fait le charme de la maison. Il n’avait jamais pu la regarder, elle, si belle et si vibrante, sans se sentir ému. Lui aussi, il l’aimait. Le sang de ses veines parlait, quand il disait aux amis : « Je voudrais rencontrer une femme qui ressemblât à Claire. »

Pas de temps à perdre : il fallait retrouver coûte que coûte l’absente bien-aimée. Il n’y avait que deux endroits où elle eût pu s’échouer : Québec et Montréal. Elle était trop connue dans la vieille capitale pour y trouver un refuge et demeurer inaperçue. Elle était donc dans la métropole. À cette heure