Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/32

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trop aérien et trop subtil pour être complet. Il abhorre le tangible et ne donne d’importance qu’à ce qui ne se sent pas, ne se voit pas. À l’entendre, on croirait que la vie est toute basée sur des syllogismes et sur une implacable spiritualité. Avec un mépris convaincu, il nous disait : « Le corps est une guenille jetée sur les lèpres de l’âme ». Voilà, certes, un bel appel à l’humilité ; mais quand j’en suis venu à méditer sur la bassesse du moi, mon cœur a protesté contre la dureté d’une sentence, qui, en diminuant outre mesure l’importance de la vie matérielle, amoindrit le sens pratique de l’homme et le plonge dans l’abstrait de la tête aux pieds.

« Trois sermons sur le choix d’une carrière ont clos la retraite. En voici les sujets : Le clergé régulier, – le clergé séculier, – les professions libérales. J’attendais ce dernier avec impatience. Auparavant, il avait prononcé, avec onction, des mots ardents où le cœur battait ; maintenant, il n’avait que des syllabes froides comme la pluie d’automne. Il parla de la médecine et du droit, rien de plus. De l’agriculture, de la colonisation, de l’industrie, du commerce, de la finance, pas un mot ! Rien pour le sol qui constitue notre secours premier et notre espoir dernier ; rien