Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/49

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et de soleils, et dont les cœurs s’ouvraient à deux battants sur une vie en pleine floraison. Au lunch qu’ils prirent ensemble, au café du Château, ils vidèrent plusieurs consommations. Leur cerveau en éruption lançait des flammes. Les femmes s’arrêtaient de caqueter pour les entendre.

— Moi, disait Jean en soulevant son verre, je passerais ma vie à écouter ces rimes de Mistral, qui, sur mes vieux jours, me rajeuniraient :


 Pour boire, ô Mariani,
Ton vin de soleil béni,
Ton beau vin de capitaine,
Je le veux à coupe pleine
Ce joli vin de velours,
Vin de jouvence et d’amour !


— Si tu aimes le vin, j’aime la vie, rétorquait Marcel. Tu es bonne, tu es gaie, tu es grande, ô vie du monde, toi qui, dès le sein de nos mères, tendis à nos lèvres tes mamelles douces et débordantes d’espoirs blancs, toi qui es mariée à toutes les chairs pour y enfanter le sourire, la chanson et l’idéal, toi qu’il faudrait adorer comme on adore une femme qui nous murmure ses premiers aveux ! Je veux toujours me plonger dans un bain de vie. Vive l’optimisme ! Laissons les pessimistes offrir leur sang vermeil aux ventouses de la mort ; lais-