Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/90

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rissons de l’industrie, ils en sont les mâles agents de fécondation.

« Plusieurs d’entre eux se distinguent par leur méthode et leur génie inventif : ils seront nos chefs d’ateliers. Nous les entourons d’une sollicitude particulière. Chacun de nos services de production est une ruche. Une colonie d’abeilles est formée de trois éléments : les ouvrières, qui font le miel, les faux-bourdons, qui mangent le miel sans le faire, la reine, qui est l’âme de l’essaim en même temps que l’unique mère. Sais-tu comment on forme une reine ? Elle est d’abord une larve vulgaire, comme toutes les autres. Guidées par l’instinct de l’ordre et de l’autorité, les ouvrières la choisissent entre mille pour en faire leur souveraine ; recueillant, parmi les fleurs belles et saines, le nectar le plus doux et le pollen le plus pur, elles les lui apportent et la nourrissent avec une sollicitude et un raffinement qu’ignorent même les filles de nos rois. Pour assurer la robustesse et la fécondité de son corps, elles allongent sa cellule royale afin qu’elle se développe sans entraves. Par un beau soir d’été, alors que les trèfles sentent bon et que les bruits du jour s’évaporent vers le crépuscule, la reine, par un chant très doux,