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L’ENTHOUSIASME PATRIOTIQUE D’UN INFIRME

Hier, dans la matinée, les passants qui se promenaient sur les boulevards ont été témoins d’une scène touchante et qui manifeste éloquemment que, dans les temps graves et solennels que nous traversons, il se trouve aussi des fils de notre nation tchèque pour faire preuve d’un loyalisme et d’un attachement exemplaires envers le trône du vieux monarque. On croirait revenue l’antique époque des Grecs et des Romains, l’époque héroïque qui eut des hommes comme Mucius Scævola qui, on le sait, n’hésita pas à prendre part à une bataille sanglante au mépris de son bras qui venait de brûler. Cette manifestation d’un infirme béquillard que sa vieille maman voiturait dans un pousse-pousse, fut une belle exaltation publique du culte dévoué et de la ferveur profonde que les sujets autrichiens professent envers l’Empire. Ce fils de la nation tchèque s’est fait inscrire comme volontaire, pour être sûr de pouvoir sacrifier sa vie et ses biens à S. M. l’Empereur. Et si son appel chaleureux « À Belgrade ! » a eu un écho si retentissant dans les rues de Prague, c’est qu’une fois de plus les Praguois ont montré, devançant par là les autres nations habitant l’Autriche, un amour éclatant pour notre Patrie et pour la Maison impériale et royale.

L’article du Prager Tagblatt était conçu à peu près dans les mêmes termes, mais disait que le martial infirme avait passé accompagné d’une foule d’Allemands qui lui faisaient un rempart de leurs corps contre le lynchage que lui réservaient certainement les agents tchèques de l’Entente cordiale.