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pu lui répondre ; c’est pourquoi stulto juxta stultitiam suam respondebitur. »

L’insulte la plus fréquente que les défenseurs de la Faculté adressent à Renaudot était celle de gazetier, et en cela Guy Patin, emporté par sa passion, était des plus inconséquents. Lui qui, dans sa malice curieuse et son amour des nouvelles, était homme à inventer les gazettes et chroniques, si un autre ne les eût inventées, il en faisait presque à Renaudot un crime d’État. « Je vous confesse, disait-on au nom de la Faculté, que vos gazettes vous font reconnaître pour un gazetier, c’est-à-dire un écrivain de narrations autant fausses que vraies. Il vous eût été plus honorable de prendre la qualité d’historiographe, puisque Lucien veut et démontre qu’il appartient plutôt aux médecins à décrire les histoires qu’à d’autres. » Mais Renaudot n’était pas facile à émouvoir sur ce point ; nous savons combien il était convaincu de l’utilité de ses diverses innovations et de ses établissements, de celle de sa Gazette en particulier, et qu’il s’en faisait gloire.

Des injures, d’ailleurs, n’étaient pas des raisons ; la Faculté le comprenait bien. Dans celles qu’elle alléguait contre Renaudot, et pour preuve de son incapacité et de son indignité à pratiquer la médecine, ce qui tient la première place, c’est le trafic et négociation qu’il fait « à vendre des gazettes, à enregistrer des valets, des terres, des maisons, des