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de Montpellier, qui avait pris fait et cause pour Renaudot, sorti de son sein, et les apothicaires, qui penchaient pour les nouveaux remèdes, source pour eux de nouveaux bénéfices. Comme il les accable de son dédain, ces « bons pharmaciens de Paris, ces cuisiniers arabesques, artis nostrœ scandala et opprobria ! » Avec eux aussi il eut un procès, et — ce qui prouve au moins l’habileté avec laquelle il savait colorer, envelopper la calomnie, et s’en laver ensuite, — il en sortit encore avec les honneurs de la guerre :


« Pour mes chers ennemis les apothicaires de Paris, ils se sont plaints de ma dernière thèse à notre faculté, laquelle s’est moquée d’eux. Ils en ont appelé au Parlement, où leur avocat ayant été ouï, je répondis moi-même, sur-le-champ, et ayant discouru une heure entière, avec une très-grande et très-favorable audience (comme j’avais eu, il y a cinq ans, contre le Gazetier), les pauvres diables furent condamnés, sifflés, moqués et bafoués par toute la cour, et par six mille personnes, qui étaient ravies de les avoir vus réfutés et rabattus comme j’avais fait. Je parlai contre leur bezoar, qui fut si bien secoué qu’il ne demeura que poudre et cendre, contre leur confection d’alkermès, leur thériaque et leurs parties. Je leur fis voir que organa pharmaciœ erant organa fallaciœ, et le fis avouer à tous mes auditeurs. Les pauvres diables de pharmaciens furent mis en telle confusion qu’ils ne savaient où se cacher. Dimissi et refecti fuere tanquam ignari nebulones, boni illi viri pharanacopei parisienses. Toute la ville, l’ayant su, s’est pareillement moquée d’eux : si bien que l’honneur m’en est demeuré de tous côtés ; jusque là même que notre Faculté m’a rendu grâces de ce que je m’étais bien défendu de la pince de ces bonnes gens, en tant qu’il y allait de l’honneur de notre compagnie. Les juges mêmes m’en ont caressé. » (Avril 1647.)