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d’en être repris ; mon nom est la farce d’un peuple, qui auparavant ne se prononçoit qu’à genoux ; et pour des comédies dont j’ay diverty la curiosité des Parisiens, il n’est pas fils de bonne mère qui ne voulust donner de l’argent pour assister à la tragédie de ma propre personne.

LE GAZETIER. Monseigneur, ce n’est pas le bruit commun. V. E. n’ignore pas qu’il ne me seroit pas caché : tous ceux qui me donnent des avis sont des gens d’honneur, et qui savent tout ce qui se passe de jour et de nuit ; j’ai mes enfants à Paris qui voyent les meilleures compagnies, qui font la gazette pour le Parlement[1], où l’on n’oublie rien, et, dans tous les mémoires que je reçois de la part des uns et des autres, je ne vois rien qui vous doive toucher le cœur que d’une passion de gloire et de générosité…


Et la comédie se poursuit ainsi pendant quarante pages in-4o. Renaudot énumère tout ce qu’il a fait jusque-là pour le cardinal ; il propose ses plans, que discute Mazarin, et discute à son tour ceux de ce dernier. Bref, il proteste de son dévouement sur sa foi de gazetier : « J’ai trop d’intérest, ajoute-t-il, à la conservation de vostre personne et de vostre fortune, de laquelle la mienne dépend absolument. Et si V. E. en savoit la principale raison, elle ne douteroit jamais de ma fidélité, ny de la sincérité de mes intentions à mentir pour son service, voire à devenir tout mensonge, si cela se pouvoit faire… » Là-dessus, Renaudot raconte qu’il a fait dresser son horoscope par deux ou trois des mieux stylés en cet art.

  1. V., plus loin, la Presse durant la Fronde.