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l’humiliation de ses adversaires. La Faculté avait été forcée de s’incliner devant l’évidence, et l’émétique avait triomphé de ses préjugés. — Quant à la Gazette, nous avons vu quel en avait été le succès.

Tel fut Renaudot, toujours envié et toujours au-dessus de ses envieux. Par quelle étrange fatalité a-t-il pu se faire que si peu d’honneur se soit attaché à sa mémoire, que son nom soit à peine connu, quand ses conceptions ont toutes reçu du temps une éclatante sanction, quand le germe qu’il avait déposé dans les Bureaux d’adresse a si merveilleusement fructifié ; quand tous les États ont des monts-de-piété ; quand la presse enfin est devenue ce qu’elle est ?

Un pareil oubli ne saurait demeurer plus longtemps sans réparation, et, sans doute, il aura suffi de le signaler pour que justice soit enfin rendue à Renaudot.

Si la génération nouvelle, en effet, sceptique et railleuse comme ses aînées, ne se montre pas toujours parfaitement équitable envers le présent, au moins doit-on convenir, à sa louange, qu’elle est juste et reconnaissante envers le passé. On aime à croire, en voyant le mouvement qui, depuis quelques années, s’est emparé des esprits, que l’heure de la réparation a sonné enfin pour toutes les injustices et pour tous les oublis.