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paud. Enfin, se traînant, gravissant, et par sauts et par bonds, il a tant fait par ses journées, que nous avons vu de nos jours le corsaire aller à Versailles tiré à quatre chevaux sur la route, portant pour armoiries, aux panneaux de son carrosse, dans un cartel en forme de buffet d’orgues, une Renommée en champ de gueules, les ailes coupées, la tête en bas, raclant de la trompette marine, et pour support une figure dégoûtée, représentant l’Europe ; le tout embrassé d’une soutanelle doublée de gazettes, et surmonté d’un bonnet carré, avec cette légende à la houpe : Ques-à-co ? Marin.[1]

Grimm, dans sa Correspondance, s’égaie ainsi aux dépens du nouveau Gazetier :

« L’incendie qui a réduit en cendres une partie de l’Hôtel-Dieu dans la nuit du 29 au 30 décembre (1772) nous a valu une pompeuse et magnifique description dans laquelle le sieur Marin, rédacteur de la Gazette de France, s’est surpassé lui-même. Non, je ne crois pas qu’il soit possible de rien lire de plus bête. Depuis feu M. Lagarde surnommé Bicêtre, qui faisait l’article des spectacles avec tant de distinction pour le Mercure de France, on n’a rien vu de cette force… La description qu’il a faite de l’inondation causée par les eaux du lac de Waener, en Suède, peut figurer à côté de l’incendie de l’Hôtel-Dieu… L’auteur s’est complu dans le talent qu’il se croit pour ébaucher de grands ta-

  1. Ce dicton provençal, qui veut dire : Qu’est-ce que cela ? plut si fort à la Dauphine, lorsqu’elle lut ce Mémoire, qu’elle l’adopta et le répétait à tout propos, si bien qu’il devint un quolibet de cour. Une marchande de modes s’avisa de profiter de la circonstance, et imagina une coiffure qu’elle appela un quesaco, et qui eut beaucoup de vogue.