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au chancelier et aux autres ministres que, pour mieux disposer la nation à prendre l’esprit du Gouvernement, il serait bon de répandre une gazette manuscrite, où, sans affectation, on décréditerait les faits contraires, et on exalterait ceux tendant à l’accroissement et à la justification du système. Sous ce prétexte, il eut permission tacite de travailler à ces bulletins, dont il infecta la province, avide de tout ce qui vient et parle de Paris, et qu’il envoyait jusque dans les pays étrangers. »

Tant de zèle fut mal récompensé. En 1774, on ôta à la fois à Marin la direction de la Gazette et sa place de censeur, et on poussa la rigueur jusqu’à lui refuser la grâce qu’il demandait, de paraître se retirer volontairement.

L’abbé Aubert, qui lui succéda, apporta dans ses nouvelles fonctions, l’intelligence qu’il avait déjà montrée dans la rédaction d’autres feuilles, mais sans grand profit pour la Gazette ni pour le public ; il fut d’ailleurs réduit, peu de mois après, à la partie de la comptabilité, qu’il entendait mieux, paraît-il, que la partie politique, et la direction générale fut donnée à Bret, « homme fort honnête, dit La Harpe, qui a eu le malheur de s’obstiner à écrire sans talent pendant quarante ans. »

Ces changements dont on fit un certain bruit et l’ordre donné par le roi qu’on lui envoyât régulièrement les épreuves de la Gazette, firent penser