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devait en être le remède. Là est peut-être l’explication de la violence ou du ridicule de certaines pièces.

Lorsque la Cour se retira à Saint-Germain, Mazarin se fit suivre par une imprimerie, dont il donna la direction à Renaudot. C’était bien le moins que la Cour eût ses presses à elle, quand le duc d’Orléans, le prince de Condé, le Coadjuteur, et jusqu’au maréchal de l’Hôpital, avaient leurs imprimeurs en titre, qui faisaient, pour ainsi dire, partie de leur maison militaire. Cependant les pamphlets mazarins ne sont pas très-nombreux, ils sont à peine un contre vingt ; mais on doit convenir qu’ils ne sont pas aussi inférieurs en esprit et en raison qu’ils le sont en nombre.

Rentré à Paris, Mazarin fit répondre une fois pour toutes aux pamphlets par un gros livre, œuvre d’un homme d’un grand savoir et d’un esprit vaste et original, mais que ses habitudes d’érudition un peu diffuse ne rendaient pas essentiellement propre à la polémique : c’était Gabriel Naudé. Le Mascurat de Naudé fut comme la Ménippée de la Fronde ; mais il ne vaut pas l’ancienne Ménippée, et n’a pas, comme elle, survécu aux circonstances qui l’avaient fait naître[1]. Il ne fit du reste que

  1. Cependant cet énorme in-4o de plus de 700 pages fait encore les délices de bien des érudits friands : Charles Nodier, dit-on, le relisait, ou du moins le refeuilletait, une fois chaque année ; M. Bazin en a beaucoup profité dans son histoire de la Fronde. Le véritable titre de cet ouvrage est : Jugement de tout ce qui a été imprimé contre le cardinal Mazarin depuis le sixième janvier jusques à la Déclaration du 1er avril 1649. C’est un dialogue entre un imprimeur et un col-