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la paix pouvait se faire par un compromis. Dans cette hypothèse, la Gazette serait-elle assez favorisée pour conserver son monopole ? Le cas était douteux. En politique habile, Renaudot marcha résolument contre la difficulté. Il avait deux fils, attachés avec lui à la rédaction de la Gazette ; il les laissa à Paris avec le plan d’un nouveau journal, et, pendant qu’il écrivait la Gazette à Saint-Germain pour la Cour, ses enfants écrivirent, à Paris, le Courrier français, journal du Parlement[1]. Qui sait même si Mazarin ne fut pas pour quelque chose dans ces calculs ? Il était assez fin pour cela. On pouvait présumer que le Parlement, qui gouvernait à Paris, voudrait avoir, comme la Cour, sa gazette à lui : n’était-il pas d’une habile politique, de la part du Cardinal, de la lui faire faire par des hommes à sa dévotion ?


Quoi qu’il en soit, la combinaison réussit au delà des espérances de Renaudot. La Gazette avait créé dans les habitudes des Parisiens un besoin de curiosité que les événements ne pouvaient que rendre de plus en plus vif. « Depuis les grands jusques

  1. Un fait à noter, c’est que les numéros de la Gazette imprimés à St-Germain pendant le séjour qu’y fit la cour continuent à porter la souscription « À Paris, du Bureau d’adresse, aux Galleries du Louvre, devant la rue Saint-Thomas. » Le numéro du 9 janvier, le premier qui fut imprimé à St-Germain, contient cette rubrique :

    « De Saint-Germain-en-Laye, le 8 janvier 1649. Leurs Majestés et toute la cour arrivèrent ici, le 6 de ce mois, sur les 9 heures du matin. »

    Voilà tout ; rien des motifs de ce voyage nocturne, pas un mot des troubles.