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fort bonne heure, est assez mal informé de tout ce qui se passe à Paris, et, pour le dehors, si la Gazette de St-Germain ne suppléait tellement quellement à ses oubliances, nous ne saurions rien du tout… Et puis voilà de belles nouvelles que celles dont il nous fait part ! Elles sont le plus souvent si vieilles et si rebattues que déjà les enfants en vont à la moutarde. »

Malgré tout, la vogue du Courrier, qui se vendait un sou, fut, nous l’avons dit, rapide et grande, et, comme cela devait être, elle éveilla l’envie et excita les appétits. Des libraires le contrefirent ; d’autres usurpèrent son titre. Quelques auteurs l’imitèrent ; un, mieux avisé, nommé Saint-Julien, eut l’idée de le traduire fidèlement en vers burlesques. Cette traduction n’était, en quelque sorte, qu’une paraphrase ; mais son mérite dépassait de beaucoup celui de l’original. Le vers, lestement et facilement fait, ne manque ni de gaieté ni d’esprit ; les traits y sont parfois assez plaisants. Mais ce qui frappe surtout, c’est la rapidité avec laquelle son auteur improvisait ce journal, dont chaque numéro compte six à huit cents vers. Le Courrier français était vendu le vendredi, et le surlendemain dimanche Saint-Julien en donnait la copie rimée.

Citons un passage pris au hasard :


Cependant que la ville ordonne
Aux chefs et maîtres des maisons,