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existence, et comme un autre pain quotidien dont nous ne saurions plus nous passer.

Mais il en est de cette admirable invention comme de tant d’autres que le temps nous a léguées : on en jouit sans s’inquiéter d’où elles viennent, ni de ce qu’elles ont pu coûter. Nous sommes si bien accoutumés à voir arriver chaque matin cet infatigable messager, qui nous apporte à heure fixe, et quelque temps qu’il fasse, les nouvelles de toutes les parties du monde ; nous trouvons cela si commode, si naturel même, que volontiers nous nous laisserions aller à croire qu’il en a toujours été ainsi. Et pourtant le journal ne remonte guère au-delà de deux cents ans ; c’est même à peine si, chez nous, il compte un siècle de véritable existence.

Ce n’est pas que les généalogistes aient manqué au journal depuis qu’il est devenu une puissance ; il s’est trouvé des flatteurs auxquels le moyen-âge même a paru une origine trop récente pour ce parvenu, et c’est à Rome, en attendant la Grèce, qu’ils ont placé son berceau. Pour nous le journal est fils de l’imprimerie, il est impossible sans elle, il n’existe et ne se comprend que par elle et avec elle.

Cependant le besoin auquel répond la presse périodique est si vrai, il est tel, qu’on peut supposer avec grande apparence de raison que les peuples qui ont successivement exercé l’empire du monde ou marqué sur la terre leur trace civilisatrice ont dû