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carrière, qui a eu le singulier privilége d’intéresser pendant tant d’années une société qui n’était pas précisément sotte, ne saurait être sans une certaine valeur. Évidemment dans une aussi volumineuse collection il doit se trouver bien de la mauvaise prose et de mauvais vers ; mais, en revanche, on croirait difficilement, quand on n’a pas feuilleté ce recueil, dont le genre, après tout, n’était pas plus frivole que celui auquel on nous ramène insensiblement, combien d’excellentes choses il renferme, et quelles lumières il a répandues en badinant. Du reste, tout en se moquant du Mercure, on l’a pillé, on le pille encore à outrance. Pensez donc aussi, 1,800 volumes ! Quelle mine précieuse pour un chroniqueur aux abois, si mélangé qu’y soit l’or ! Et véritablement, nous le répétons, il n’y est pas si rare qu’on voudrait bien le dire. Même, qu’on veuille bien le remarquer, je ne défends ici que le Mercure galant, le Mercure de de Visé et de ses premiers successeurs ; car le Mercure de France, le Mercure des Laroque, des Marmontel, des La Harpe, qui comptait parmi ses rédacteurs les plus grands noms de la science et des lettres, qui pouvait sur ses bénéfices annuels servir jusqu’à 30,000 fr. de pensions aux gens de lettres, ce Mercure-là n’a pas sérieusement besoin d’être défendu. Rappelons encore un caractère propre du Mercure : c’est qu’il était accessible à tous ; c’était une tribune ouverte à