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tout à fait achevée. Bien des gens font des applications de cette comédie. Un homme de lettres est, dit-on, représenté par M. Tricotin ; mais M. Molière s’est suffisamment justifié de cela par une harangue qu’il a faite au public deux jours après la première représentation de sa pièce. D’ailleurs ce prétendu original de cette agréable comédie ne doit pas s’en mettre en peine, s’il est aussi sage et aussi habile homme que l’on dit, et cela ne servira qu’à faire éclater davantage son mérite, en faisant naître l’envie de le connaître, de lire ses écrits et d’aller à ses sermons.


Nous ne pensons pas que les Femmes savantes aient empêché qu’on fût assis à l’aise aux sermons de l’abbé Cotin ; mais nous ne croyons pas non plus que la harangue prononcée par Molière avant la représentation de cette pièce ait fait prendre le change à personne sur ses véritables intentions, et nous ne voyons dans ce discours qu’une malice du grand homme, ne voulant laisser ignorer à personne que c’était l’abbé Cotin qu’il avait mis en scène sous le nom de Tricotin, changé depuis par lui-même en celui de Trissotin.

Dans la querelle sur la prééminence des anciens et des modernes, Visé se déclara pour Perrault, ce qui lui attira plusieurs épigrammes, entre autres celle-ci, de Boileau, adressée à Perrault :


Le bruit court que Bacchus, Junon, Jupiter, Mars,
        Apollon le dieu des beaux-arts,
Les Ris même, les Jeux, les Grâces et leur mère,
        Et tous les dieux enfants d’Homère,
        Résolus de venger leur père,
Jettent déjà sur vous de dangereux regards.