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INTRODUCTION

et régulier par les journaux. » On peut retourner de même l’argument tiré des lettres que Cicéron lui-même écrivait de Rome, soit à Quintus, son frère, soit à Atticus, son ami, lettres pleines des affaires et des bruits de la ville, et qui, dans la pensée du sagace dissertateur, peuvent donner également une idée de l’immense variété des matières dont se composaient les journaux de Rome. « Ces lettres, dit-il, pour une suite de plus de vingt ans, remplacent cette collection perdue ; elles forment comme un journal, trop pressé sans doute de suivre les événements pour ne pas les dépasser quelquefois ; mais n’est-ce pas une ressemblance de plus avec un journal ? »

On aurait une autre preuve de l’insuffisance des Acta dans ce fait que les citoyens riches entretenaient des esclaves dont l’occupation était de leur rapporter le bulletin quotidien des affaires publiques ou des sentences des tribunaux, recueillies et résumées par les actuarii ou sténographes, ainsi que les diverses nouvelles du jour : décès, naissances illustres, mariages ou divorces [1] et les mille autres petits faits qu’ils apprenaient de la bouche des nouvellistes, « coureurs effrontés de nouvelles et d’anecdotes qu’il y a du risque à dire et à savoir [2] », grands politiqueurs, « qui, sans

  1. Il n’y a pas de jour, dit Sénèque, où les Actes n’aient à enregistrer un divorce.
  2. Sénèque.