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INTRODUCTION

» Après qu’on eut examiné toutes les circonstances de ces contestations, les présidents et députés convinrent enfin de laisser la préséance au bureau du Palais, non-seulement à cause que c’est le magasin général des nouvelles, et où il en vient moins qu’il ne s’en fabrique, mais encore pour n’avoir point de procès, qui achèveraient de gâter l’esprit s’ils étaient joints avec le négoce des nouvelles [1]. À l’égard du rang des autres présidents et députés, il fut arrêté qu’il se prendrait comme ils entreraient, n’y ayant point de place, après celle du président du Palais, plus honorable l’une que l’autre. Les choses étant ainsi réglées, quoique avec beaucoup de peine, on travailla sérieusement au moyen de mettre un bon ordre par tous les bureaux, qui fût ponctuellement observé par tous les nouvellistes, à peine aux contrevenants de n’être pas écoutés, et de confisquer leurs nouvelles comme marchandises de contrebande.

 » On trouve les principaux articles de ce règlement, qui a été lu, publié et affiché dans les bureaux. »


Dans tous ces centres où les nouvellistes « célébraient leurs conciles mutins », une foule d’oisifs apportaient chaque jour et venaient recueillir le butin quotidien, nouvelles politiques et littéraires,

  1. Malgré cette décision, les nouvellistes des Tuileries gardèrent longtemps le pas, qu’ils avaient pris depuis le commencement du siècle sur ceux du Luxembourg. Ils l’avaient encore en 1709 ; c’est du moins ce que l’on peut inférer de ce passage de l’Ambigu d’Auteuil : « Après que toutes les nouvelles sont dites au Palais-Royal, et que des histoires qui ont été rebattues déjà cent fois y ont encore été renouvelées, les coqs des pelotons choisissent ceux qu’ils trouvent dignes de leur tenir compagnie, et leur font signe de les suivre aux Tuileries. C’est sur les six heures que se fait le tric de cette promenade, et le moins mal en ordre vient se produire dans ces magnifiques jardins, où le désajustement des autres ne serait pas de mise. Après le tour de la grande allée, ils se retirent sous des ormes qui sont du côté de la terrasse qui borde la Seine. Là les plus vénérables prennent séance, pendant que le reste, étant debout, ne se lasse point de participer à la récapitulation de ce qui a été débité de plus important dans la journée, non-seulement au Palais-Royal, mais au Luxembourg, à l’Arsenal, au Palais, sans oublier les cloîtres, où il se fait un monde de nouvellistes, et les fameux cafés de Paris, d’où il ne manque pas de venir des députés. »