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la fois, et d’en voir quitter une à moitié pour en commencer une autre, et de la laisser aussitôt pour reprendre la première. J’ai vu quelquefois des nouvellistes dans un cruel embarras parce qu’ils ne pouvaient en même temps entendre tout ce qui se disait en différents endroits… »

Dans l’ébauche d’une comédie contre les nouvellistes, dont il sème çà et là quelques scènes à travers ses récits, une maîtresse parle ainsi de son amant, qui passe pour un très-grand nouvelliste :


Aux affaires d’État tout entier il s’applique.
Monsieur de Montangrue est, je pense, son nom,
      Et d’être très-grand politique
      En tous lieux il a le renom.

Il pourrait gouverner lui seul mille provinces,
      Et nous n’avons point aujourd’hui
      De personnes qui mieux que lui
      Sachent les intérêts des princes.


Ailleurs c’est une petite bourgeoise, dont le mari est nouvelliste écoutant, et perd tous les jours son temps sous les arbres du Palais-Royal,


      Avecque de faibles cervelles
      À qui ce jardin plaît aussi.


Cette brave femme pense que


      Ce métier où l’on perd son temps
      N’est pas le fait d’un homme sage,
      Qui doit songer à son ménage,
      Et n’est que pour les fainéants.


Elle va donc relancer son mari jusque dans ces bruyants conciliabules :