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Pendant que nous sommes sur le chapitre de Voltaire et de ses rapports avec les journaux, citons encore une charmante petite lettre en vers adressée par lui à Suard pour le remercier de quelque article que nous ne pouvons préciser[1].

À M. SUARD


J’ai lu ce que vous avez dit
De mes lambeaux épistolaires.
Les louanges ne me sont chères
Que par la main qui les écrit.
Combien les vôtres sont légères !
Déjà l’amour-propre aux aguets
Venait me tendre ses filets
Et me bercer de ses chimères ;
Soudain, avec dextérité,
Une critique délicate,
Et que j’approuve et qui me flatte,
Me vient offrir la vérité.
Que vous la rendez séduisante !
J’ai cru la voir dans sa beauté.
Elle n’a jamais d’âpreté
Quand c’est le goût qui la présente.
Sous nos berceaux l’arbre étalé
Doit sa vigueur à la nature ;
Mais il doit au moins sa parure
Aux soins de l’art qui l’a taillé.
J’aime l’éloge et je l’oublie,

  1. Nous l’empruntons à une très-curieuse publication de M. Ch. Nisard, qui nous fournira encore plus d’un renseignement précieux, Mémoires et Correspondances historiques et littéraires inédits, 1726 à 1846, publication dont les matériaux ont été fournis par les papiers de Suard.