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donnèrent l’idée de faire un journal, et il songea d’abord à en établir le siége à Manheim, où son protecteur lui promettait plus de liberté ; mais il se décida ensuite pour Liége, ville qui tenait de sa position l’avantage d’être comme un centre d’où l’on pouvait aisément faire circuler un ouvrage dans toute l’Europe. Il y commença en 1756 la publication du Journal encyclopédique. Ce nouveau recueil, plus plein, plus intéressant que les autres ouvrages de même nature, eut un succès assez rapide. Il donnait, avec les extraits ou analyses des livres français, beaucoup de littérature étrangère, et cette dernière partie, surtout, en faisait le mérite. Si l’on y remarquait de l’inégalité, on y trouvait assez fréquemment des morceaux faits de main de maître. Il donnait aussi quelques nouvelles politiques.

Rousseau, au dire même de ses ennemis, avait préparé le succès de son journal avec une rare habileté. « Il l’avait recommandé par un prospectus des mieux tournés, qui séduisit non-seulement toute la ville de Liége, mais encore nombre de savants et gens de lettres en Italie, en France, dans les Pays-Bas, en Allemagne, etc…

« Il tendit encore à son arc une corde infaillible pour le débit d’un ouvrage, fût-il le plus mauvais du monde ; par son moyen seul, la première, quelquefois la seconde édition d’un livre, sont vendues