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riosité. Les hommes célèbres, ajoute-t-il (il pouvait dire aussi les femmes, car c’est une femme, madame R***, qui a déjà le plus contribué à grossir ce recueil), les hommes célèbres qui veulent bien m’honorer de leurs secours se sont engagés à me le continuer, et, sans m’expliquer mieux, je crois pouvoir compter sur leur exactitude et sur leur constance. » Ne pas expliquer certaines choses, c’est les dire. Ainsi, on peut, on doit même présumer que ces grands écrivains dont parle M. de Bastide sont liés à son projet par des traités en forme, des conventions d’intérêt, et non par de simples promesses, toujours incertaines et rarement effectuées…

» Au reste, s’il faut m’expliquer sur l’entreprise de M. de Bastide, je la crois agréable, intéressante et utile jusqu’à un certain point. Je le crois lui-même en état d’y présider avec succès : il a déjà fait preuve d’esprit et de fécondité. Cependant il est très-louable de ne pas se reposer uniquement sur ces avantages. La carrière qu’il entreprend est longue et pénible, et les meilleurs écrivains de la nation n’y seraient point déplacés. Mais il est à craindre que ceux qui s’obligent à concourir à son projet ne tirent de leur portefeuille que des pièces qu’une juste défiance y avait toujours tenues renfermées : il vient un âge où l’indulgence d’un auteur pour ses premiers ou ses derniers ouvrages lui ferme