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cile à suivre, que celui d’Addison et de Richard Steele ; et voilà que vous avez abandonné vos modèles. Leur ouvrage est une critique des ridicules de leur nation, pleine de variété, de légèreté et de plaisanterie. N’aviez-vous pas en ce genre une vaste moisson à recueillir ? Le peuple français manque-t-il de ridicules ?

» En suivant ce plan, vous auriez égayé vos feuilles, vous les auriez remplies de tableaux ressemblants. On se les arracherait, pour avoir le plaisir d’appliquer à quelqu’un de ses voisins, de ses amis et de ses parents, tous les traits de son propre portrait. On y reconnaîtrait avec délices tout le monde, excepté soi-même.

» Au lieu de cette carrière, pleine d’agréments pour vous et pour vos lecteurs, vous vous jetez à corps perdu dans la morale et dans la politique. Vous voulez que le Français raisonne, qu’il disserte, et, qui pis est, qu’il se corrige. Monsieur le citoyen, vous vous bercez là d’un espoir bien chimérique. Faites rire le public, si vous pouvez : c’est tout ce qu’il veut, c’est tout ce dont il est capable. »

Bref on connaîtra quel était le caractère de cette publication, quand nous aurons dit qu’elle fut créée par les économistes pour servir d’organe à leur parti qui à cette époque faisait un certain bruit.

C’est en 1765 que les économistes songèrent à se