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frondait l’administration des plus illustres ministres, déprimait les plus beaux règnes, s’attribuait le droit exclusif de connaître la manutention des États, et s’érigeait en réformatrice de la législation même. Le journal essuya des retards, des contradictions, et peut-être l’aurait-on supprimé, si la secte n’avait eu de grands appuis dans le ministère. Mais on lui nomma un censeur spécial, auquel il fut recommandé de l’examiner avec la plus scrupuleuse attention, d’en peser toutes les expressions, d’apprécier le langage entortillé de ces messieurs, qui, à la faveur d’un néologisme d’expressions, pourraient faire passer un néologisme d’idées dangereuses. Ce fut le sieur Moreau, ci-devant avocat des finances, que le chancelier crut le plus propre à cette besogne. Celui-ci comprit combien sa mission était critique ; en conséquence il commença par déposer dans les Éphémérides un corps de doctrine ; il fit sa profession de foi sur la doctrine des économistes, et déclara dans quel sens il l’entendait et voulait l’entendre, pour se mettre à l’abri des chicanes, et peut-être des persécutions que sa qualité d’examinateur lui pourrait attirer.

Nous venons de voir que l’on reprochait aux nouveaux sectaires de déprimer les plus beaux règnes. En effet, « enhardis par le succès de quelques parties de leur système, ils avaient eu l’audace, dans un de leurs numéros, d’attaquer de front et à décou-