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les ouvrages et sur les jugements mêmes ; un journal qui, remontant vers l’origine des journaux, rappelle les meilleures décisions de leurs auteurs, et soit, pour ainsi dire, le recueil des arrêts de cette cour souveraine ; un journal enfin qui, écrit sans passion, sans intérêt, venge les chefs-d’œuvre de tant de critiques amères et indécentes, et réduise à leur juste valeur les éloges outrés qu’un auteur croit accordés à ses talents, et qui sont prodigués ou à son crédit par la crainte, ou à son rang par la flatterie.

Ce n’est point ici une table sèche et stérile des matières traitées dans les journaux. Nous ne nous contenterons pas d’indiquer au lecteur la mine où il doit fouiller ; nous lui en ferons apercevoir les richesses les plus précieuses. Mais lorsqu’il voudra approfondir des matières trop étendues pour recevoir de nos analyses tout le jour dont elles sont susceptibles, nous le renverrons aux journaux mêmes…

Combien d’ouvrages ont eu le sort de la Phèdre de Pradon, celui de briller un moment, d’éclipser même des chefs-d’œuvre, et de retomber ensuite dans un éternel oubli !… Quoique ce soit une espèce de sacrilége de remuer les cendres des morts, nous rendrons quelquefois à ceux-ci un moment d’existence, pour dévoiler les causes qui leur avaient procuré un succès éphémère, et celles qui ont fait tomber à la fois l’illusion, l’auteur et la pièce. Nous montrerons comment le public put, sans s’en apercevoir, être entraîné par une cabale imposante ; comment l’enthousiasme se communique de proche en proche, et électrise, pour ainsi dire, toute une assemblée, et même toute une nation. D’ailleurs, parmi les ouvrages décriés ou dénigrés à juste titre, il en est peu qui, dans un amas de défauts ou de choses triviales, n’offrent tantôt un caractère bien dessiné, tantôt une saillie heureuse, quelquefois même une réflexion neuve. Lorsque nous parlerons de ces ouvrages morts en naissant, nous ne mettrons que ces beautés sous les yeux des lecteurs ; l’ennui de lire le reste sera notre partage.

Il est aussi quelques ouvrages estimables qui sont restés ignorés, parce que leurs auteurs, sans hardiesse dans la société, sans