Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


L’impatience de Grimm le faisait s’alarmer à tort, comme il nous l’apprend lui-même quinze jours après :

« La première feuille du Courrier de la Mode a heureusement paru, et la France possède un journal du Goût. Dans cette première feuille, l’auteur cherche, comme de raison, à donner quelques notions générales. Il nous apprend que l’habillement français semble vouloir se rapprocher de jour en jour du beau naturel ; il nous rend compte de plusieurs révolutions importantes que j’avais le malheur d’ignorer entièrement. Je vois avec étonnement que les hollandaises et les tronchines sont écrasées par le négligé dit polonais ; que les bonnets à la sultane, à la rhinocéros, ont été exterminés par les bonnets à la clochette et par ceux à la débâcle ; mais surtout la gertrude a subjugué toutes les têtes, et il n’est pas encore décidé si la moissonneuse, qui vient d’être inventée, l’emportera sur la gertrude. Si j’avais voix en chapitre aux Traits galants, je conseillerais d’inventer la glaneuse. On voit que l’empire universel de la mode est fondé sur les succès de l’Opéra-Comique[1]. Pour nous défaire de la moissonneuse, l’auteur nous apprend que le bonnet au doux som-

  1. Les tronchines étaient des robes que les femmes se faisaient faire pour les promenades du matin, ordonnées par le docteur Tronchin ; les hollandaises étaient probablement d’autres robes importées par la belle Hollandaise, madame Pater. Enfin, c’était aux opéras de la Clochette, de Gertrude et des Moissonneuses, que plusieurs des autres modes devaient leur nom.