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immenses bouffonneries qu’on y rencontre, telles que l’Île des Cataplasmes, le Bal des Comètes, l’Histoire du musicien Gobnichelli, les deux Paris l’un sur l’autre, et mille autres caprices de pensée et de forme ; mais nous n’en avons pas le loisir.

L’annonce des Lunes fut accueillie par des éclats de rire. Camille Desmoulins, entre autres, chansonna le Cousin Jacques, dont il avait été le condisciple ; mais un an après il lui écrivait : « Quand nous avons vu votre prospectus annonçant votre départ pour la lune, je pensais que vous ne pourriez longtemps vous soutenir à cette hauteur ; je blâmai l’entreprise du journal, et, calculant l’éclipse totale des Lunes, j’en marquai l’époque. Il y eut des paris, et vous êtes vengé de ma chanson, car j’ai eu le plaisir de perdre. »

Le succès, en effet, n’avait pas tardé à se déclarer en faveur du Cousin, et bientôt la prospérité de son journal avait surpassé les espérances qu’avaient pu lui faire concevoir ses premiers souscripteurs. C’avait été, suivant un biographe[1], M. de Mongolfier, « et un tel nom devait porter bonheur à un ouvrage s’élevant jusqu’aux astres. » Si cela n’est pas d’une rigoureuse exactitude, ce n’en est pas moins bien trouvé ; mais écoutons le Cousin lui-même :

  1. M. Monselet, dans les Oubliés et les Dédaignés, livre aussi amusant qu’instructif, de la Bibliothèque moderne de MM. Poulet-Malassis et De Broise, nos éditeurs.