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que, dans les pays où les nouvellistes se piquent de sincérité, leurs gazettes sont moins des relations que des satires. En voici un exemple dont toute l’Europe a été témoin. Les Hollandais ont affecté autrefois de maintenir une grande liberté d’écrire, et en cela ils suivaient les vues d’une politique saine et éclairée ; mais qu’en est-il aussi arrivé ? C’est que, le gazetier s’étant emporté à parler insolemment de Louis XIV, déjà irrité des libelles insultants et des médailles frappées contre lui, ce prince s’en prit à ses maîtres, et leur fit payer chèrement leur condescendance. M. de La Fare[1] attribue en partie la guerre de 1672 à cette cause. Dans la suite, il s’est trouvé d’autres auteurs qui ont poussé si loin leurs invectives contre les têtes couronnées, et eu si peu de ménagement pour les puissances, que les États-Généraux ont été dans l’obligation de mettre ordre eux-mêmes à tant d’excès. C’est ce qu’ils ont fait, par exemple, à l’égard des Nouvelles des Cours de l’Europe, publiées par Gueudeville. Sur les plaintes que M. d’Avaux leur porta de l’extravagante fureur de ce moine défroqué, ils lui défendirent de se mêler d’un métier où le savoir-vivre, le sang-froid et l’observation des bienséances sont d’un si grand usage…

» Enfin, la lecture des gazettes et autres ouvrages

  1. Mém. et réfl. sur les principaux événements du règne de Louis, chap. v.