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l’Europe, comme l’appelait Bayle. Nous ne pouvons d’ailleurs ranger cette gazette ni ses semblables parmi les journaux français. Il faut distinguer, en effet, les journaux français publiés à l’étranger, mais écrits spécialement en vue de la France, et les journaux étrangers écrits en français. La langue française étant la plus répandue, et en quelque sorte adoptée comme la langue de la politique, plusieurs États l’employèrent dès l’origine pour leur gazette officielle, et il y en avait bien peu qui n’eussent au moins une feuille française : ainsi les Gazettes de Londres, d’Amsterdam, de Bruxelles, de La Haye, d’Utrecht, de Leyde, d’Altona, de Deux-Ponts, etc., etc. C’étaient là toutes gazettes faites sur le modèle de la nôtre. Si, souvent, elles s’occupaient des affaires de la France plus que de celles des autres pays, c’est que les affaires de la France étaient assez généralement les affaires de l’Europe ; mais elles n’étaient point pour cela des gazettes françaises, pas plus qu’on ne peut regarder comme des journaux français cette foule de recueils périodiques enfantés par la spéculation, principalement en Hollande, et dont les auteurs avaient adopté notre langue comme celle qui leur promettait le plus de lecteurs[1].

  1. On confond habituellement dans la dénomination de journaux tous les écrits plus ou moins périodiques ; on peut cependant les distinguer en trois sortes : les gazettes proprement dites, dans le genre de notre ancienne Gazette de France, les journaux politiques et littéraires, et des sortes d’annales, dans le genre du Mer-