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François Colletet, dans son Tracas de Paris, 1660, parle des curieux qui se pressaient dès lors sur le quai des Augustins pour lire les gazettes :

Mais, en faisant chemin, regarde,
Sans t’amuser à la moutarde,
Tous ces lecteurs de nouveautés
Dans ces boutiques arrestés.
L’un sur son nez met sa lunette
Afin de lire la gazette
Escrite en prose, escrite en vers,
Des nouvelles de l’univers.
C’est un plaisir, pour ces lectures,
De voir les diverses postures.
Parmi ces gens, en voilà deux
Fichés tout droits comme des pieux,
D’autres rangés sous étalages
Tout ainsi comme des images ;
Ceux-là dessus un banc pressés,
Ceux-ci sous la porte entassés :
Car chaque boutique est si pleine
Qu’on n’y saurait tenir qu’à peine.
Celui qui lit plus promptement
Prête à l’autre un commencement.
Un autre curieux demande
Une gazette de Hollande,
Et celui-ci celle d’Anvers ;
Cet autre lit la Lettre en vers,
Non de Loret, fils du Parnasse,
Mais de celui qui le remplace ;
Et qui fait si bien aujourd’hui
Que Loret ressuscite en lui[1].

  1. Dans une note à ce passage (Paris ridicule, p. 281), le bibliophile Jacob dit que des continuateurs de Loret, qui en eut plusieurs, celui que Colletet a voulu désigner est évidemment Ch. Robinet, sieur de Mayolas. Il y a là une étrange confusion, que j’ai cru devoir relever à cause de l’autorité qui s’attache justement