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Panckoucke se sépara sans regret de ce collaborateur compromettant, excédé qu’il était d’ailleurs de son humeur despotique. Mais le plus curieux de l’affaire, c’est que la place de Linguet fut donnée à son ennemi le plus cordial, à La Harpe. Il n’y eut qu’une opinion sur cette conduite aussi noire de la part de Panckoucke que de celui qu’il s’associait. Dans le monde comme dans les journaux, on appela cela une infamie ; mais, disent les Mémoires secrets, « ceux qui trouvent mauvais que M. de La Harpe ait daigné prendre la dépouille de son ennemi ne savent pas qu’il n’a pu s’en dispenser, des personnes auxquelles il n’avait rien à refuser l’ayant sollicité vivement de se charger d’un travail dont son caractère et ses talents pouvaient soutenir seuls l’utile succès. Il s’est trouvé dans le même cas que M. de Marsillac, qui ne voulait point accepter le gouvernement du Berry qu’avait M. de Lauzun, parce qu’il n’était pas l’ami de M. de Lauzun. « Vous êtes trop scrupuleux, lui dit Louis XIV ; j’en sais autant qu’un autre là-dessus, mais vous n’en devez faire aucune difficulté. » Aussi M. de La