Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais malheureusement écrasé autant que l’innocence et l’honneur peuvent l’être. » Quant à La Harpe, Harpula, comme il l’appelle, il ne pouvait lui pardonner de l’avoir supplanté dans la rédaction du Journal de Bruxelles ; il englobait dans sa rancune Panckoucke et son Mercure, et il faut voir avec quelle verve il « châtie ce petit bâtard qui, à peine né, a essayé de le mordre, cet embryon qui s’annonçait avec des inclinations si malfaisantes, et que la multitude de ses engendreurs ne sauvera pas d’une mort prochaine. »


Les plaintes, les cris, ne tardèrent pas à recommencer ; heureusement pour Linguet, s’il avait de nombreux ennemis, il avait de puissants protecteurs.

« Le journal de Linguet, lit-on dans la Correspondance secrète, trouve tous les jours de nouveaux partisans à son auteur expatrié ; ses ennemis même ne peuvent s’empêcher de donner des éloges à cet ouvrage, qui plane glorieusement au-dessus des mille et un journaux qui nous accablent. Le no 18 a vivement offensé notre superbe académie ; ses premiers membres sont venus solliciter M. Amelot, ministre qui a le département de Paris, de vouloir ne plus permettre l’introduction de cet ouvrage scandaleux. — « J’en suis bien fâché, Messieurs ; je ne puis vous accorder votre demande : le roi, la