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qu’il dise un mot de ces pauvres circoncis que l’on veut démembrer ; de ces gros ballons, de cet air inflammable, qui font fermenter tant de têtes ; de ces automates qui jouent aux échecs, qui parlent, etc. ; enfin de tant de nouveautés et de singularités dont abonde ce moment de la fin du siècle. » L’examen des œuvres de Voltaire est terminé par le prospectus très-curieux d’une édition corrigée, « qui ne pût inspirer aux lecteurs délicats ni crainte, ni regret », que Linguet proposait en souscription, et dont le succès lui paraissait d’autant plus assuré qu’il « avait pour caution le mérite de la chose et la pureté du motif[1]. »

En tête des Mémoires se trouve une estampe curieuse, dont l’idée, paraît-il, avait été fournie par le Courrier du Bas-Rhin, « c’est-à-dire la feuille périodique la plus estimée des hommes honnêtes et éclairés, des vrais philosophes » ; en d’autres termes, la feuille qui s’était montrée la plus bienveillante pour les Mémoires et pour leur auteur. « On y voit, — nous copions l’explication, en l’abrégeant, — on y voit la statue de Louis XVI, avec les attributs de la royauté, élevée au milieu des débris d’un château à moitié ruiné qui est censé représenter

  1. Piqué, disent les Mémoires secrets, des contradictions qu’il éprouvait, des sarcasmes du Courrier de l’Europe, qui lui reprochait de faire du philosophe de Ferney un capucin, et des imputations atroces d’une feuille imprimée à Luxembourg, qui le taxait d’hypocrisie, Linguet déclara ensuite qu’il renonçait à cette entreprise, et que les souscripteurs pourraient retirer leur argent.