Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/385

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Si, dans ce qui me concerne personnellement, la justice, la foi publique, les bienséances même, peuvent une fois n’être pas violées, sans doute on ne l’empêchera pas de me faire passer leurs lettres, ni moi d’y répondre, comme autrefois, par le moyen de ses courriers.

C’est la poste qui a distribué les Annales en France depuis qu’elles existent ; chaque numéro se distribuait sur un ordre exprès et formel émané directement du ministère.

Si par cette intervention directe dans leur débit le gouvernement n’est pas censé en avoir adopté tous les principes, au moins est-il devenu évidemment caution des engagements qui s’y prenaient, sur sa parole, sous ses yeux, et pour ainsi dire par ses mains. Il ne peut donc ni priver les souscripteurs de l’année que je leur ai promise de son aveu, ni moi des moyens de remplir ma promesse.

Je suis assurément très-jaloux du trésor que j’ai recouvré, je suis bien décidé à ne plus m’exposer à le perdre sur des ordres arbitraires ; je dirai le reste de ma vie avec Ovide :

Parve, nec invideo, sine me, liber, ibis in urbem.


Je conserverai ma liberté avec idolâtrie mais je ne suis pas plus disposé que par le passé à la confondre avec la licence. Je ne crois pas qu’il faille en abuser pour en jouir, et, comme je l’ai dit autrefois, l’inquisition la plus rigoureuse ne me donnera jamais de censeur plus sévère que moi-même.

Une franchise impartiale autant qu’inflexible ; des vérités salutaires aux princes et aux peuples ; des ménagements quand il en faudra ; de la hardiesse quand elle sera nécessaire ; une attention scrupuleuse à respecter les mœurs, les lois, à réclamer en faveur des classes les moins autorisées, les plus facilement écrasées de la société, les droits que la nature leur donne et qu’une saine politique doit toujours leur conserver : voilà ce que les Annales ont offert jusqu’ici et ce qu’elles offriront toujours. Puisque la poste française les a voiturées dès la première année de leur existence, avec ce caractère qui ne s’est pas démenti, on ne pourrait lui défendre de s’en charger à l’avenir sans déclarer