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pouvait contenir, pour un apologiste du despotisme, pour un panégyriste de la tyrannie et des plus abominables tyrans qui aient souillé le trône, ils sont aussi parvenus à faire recevoir comme une vérité incontestable qu’il se chargeait par goût des mauvaises causes, et qu’à son seul nom les tribunaux préparaient une condamnation, bien qu’il eût prouvé que, sur plus de cent affaires, il n’y en avait eu que neuf où la justice eût suivi une opinion différente de la sienne[1].

Il faut convenir aussi que les adversaires de Linguet le ménageaient peu, comme on le voit du reste par le passage que nous venons de citer. Parmi ses contradicteurs, il en est un qui engagea avec lui une lutte corps à corps dont l’histoire du journalisme n’offre pas d’autre exemple. On lit à ce sujet dans les Mémoires secrets : « Un anonyme, pour faire sa cour sans doute au ministère de France, propose par souscription des Analectes politiques, civiles et littéraires[2], ouvrage périodique pour servir de supplément aux Annales de M. Linguet, avec cette épigraphe : Tu cave defendas, quamvis mordebere dictis[3]. Ce supplément, ainsi qu’on le conjecture aisément, est un prétendu contrepoison imaginé pour guérir des morsures du journaliste. On se

  1. Journal de Politique et de Littérature, no 3, du 15 nov. 1774.
  2. C’est le titre annoncé par le prospectus ; le véritable titre est : Analectes critiques pour servir, etc.
  3. Sen., c. ult. de Tranquil.