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la tolérance qu’on accordait à cette gazette française, qu’il appelait un espionnage public.

Le profond magistrat lui répondit qu’on avait déjà cherché tous les moyens légaux pour arrêter sa publication ; mais la loi était muette, ou plutôt la loi permettait d’imprimer en français, en grec, en hébreu, toutes les sottises que les folliculaires anglais imprimaient dans leur langue, et il fallait respecter la loi ou en faire une nouvelle : tel était son avis, tel était aussi celui de quatre célèbres jurisconsultes consultés à ce sujet, et parmi lesquels figurait Dunning, depuis lord Arhburton.

Or, il avait paru indigne d’une grande nation de descendre à une pareille mesure ; elle eût décelé des craintes et de la pusillanimité. On pouvait proscrire le journal, on eut l’air de le mépriser ; et le rédacteur français, qui pendant quelque temps avait été vivement inquiété, vit bien qu’il pouvait continuer à nuire à l’Angleterre, à l’abri même des lois anglaises.

Cependant le ministère anglais, que les succès toujours croissants du Courrier indisposaient de plus en plus, ne pouvant en arrêter l’impression, imagina d’en arrêter du moins l’expédition pour la France. Il prétendit que les ballots de la Gazette étaient des ballots de marchandises, et il fit mettre l’embargo sur les paquets qui s’expédiaient deux fois la semaine par les paquebots, croyant ainsi