Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/414

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette partie qui lui plaisait davantage, car le reste était purement administratif et mécanique ; mais il se réjouissait d’avoir à ses ordres un papier qui pouvait répandre des principes dont il était un fervent enthousiaste, qui le mettait à même de satisfaire ses goûts pour la littérature, et de poursuivre ses études et ses recherches sur la politique et les sciences. « Il fallait bien des considérations semblables, ajoute Brissot, pour me faire voir en beau ma position sociale, et ces occupations de journaliste, alors si peu estimées. Bayle, me disais-je, a bien été précepteur, Postel goujat de collége, Rousseau laquais d’une marquise. Honorons le métier, il ne me déshonorera point. Au lieu de ces anecdotes insipides, de ces chroniques scandaleuses, parlons des constitutions et des intérêts des peuples ; au lieu de ces misérables vers, de ces satires grossières, de ces éloges vendus à des écrivains médiocres, il faut publier des extraits des meilleurs livres, et les faire ainsi connaître ; il faut y propager les saines doctrines, qui rendent les hommes éclairés et vertueux ; il faut y révéler le mérite de la littérature anglaise, que tout le monde ignore ; il faut y rendre des services à des hommes de lettres estimables, et qui en conserveront souvenir et reconnaissance. Voilà de quoi faire honorer un métier et le faire aimer. »

Assurément ; mais il était à craindre que toutes