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constitution de Genève. Il criait partout que la France, qui s’endormait sur un abîme, ne pouvait être sauvée que par un tremblement populaire. »

Le Courrier eut longtemps pour correspondant à Paris un certain Boyer, connu pour auteur de nouvelles à la main, et qui fut mis de ce fait à la Bastille au commencement de 1781, en même temps que le journal lui-même était interdit. C’était dans un de ces accès de rigueur qui prenaient de temps à autre le ministère. On lit à ce sujet dans la Correspondance secrète : « On fait toujours rage contre les diseurs de nouvelles. La Bastille est remplie de gens qui écrivent trop librement ce qui se passe. Quelques-uns n’y ont fait qu’un court séjour. Les papiers qui arrivent de l’étranger sont sévèrement épluchés. La Gazette de Cologne et le Courrier de l’Europe sont interdits. L’entrepreneur de cette dernière feuille se remue fortement pour obtenir au prix d’un dévouement plus aveugle encore que par le passé la révocation d’une proscription que lui a méritée un passage copié trop légèrement dans les libelles qui paraissent matin et soir à Londres. On sait qu’au moyen de quatre mille exemplaires que la France lui achetait, il avait promis de ne parler qu’en notre faveur. »

Cette dernière allégation semblerait contredire ce que Brissot nous a dit de la forte contribution que le Courrier payait au ministère des affaires étran-