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pédistes et des patriotes, et, certain que son œuvre favorite serait continuée dans le même esprit, il était mort avec une tranquillité ferme et une aisance particulière, suivant la piquante expression de MM. de Goncourt, en répondant aux officieux qui lui parlaient des consolations de l’Église, « qu’il ne se sentait pas affligé. »

Mairobert fit plus que n’avait probablement demandé son ami. Possesseur du manuscrit, ou du moins d’une partie du manuscrit du Journal de Bachaumont, il lui vint en l’idée de le publier sous forme de volumes, et il commença en effet l’exécution de ce projet en 1777. Il donna à cette publication un titre qui était bien fait pour affriander le lecteur :


Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France, depuis 1762 jusqu’à nos jours, ou journal d’un observateur, contenant les analyses des pièces de théâtre qui ont paru durant cet intervalle ; les relations des assemblées littéraires ; les notices des livres nouveaux, clandestins, prohibés ; les pièces fugitives, rares ou manuscrites, en prose ou en vers ; les vaudevilles sur la cour ; les anecdotes et bons mots ; les éloges des savants, des artistes, des hommes de lettres morts, etc.


Ce titre est un peu long ; pourtant il ne disait rien de trop. Mairobert, en outre, mit en tête des Mémoires secrets une préface qui en expliquait le but et en précisait le véritable caractère avec beaucoup de justesse.