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Bernhardt. Celle-ci, outre ses autres prestiges, put s’y montrer

« Reine de l’Attitude et Princesse des Gestes »

et, avec justice, la pièce lui fut dédiée.


Cet amour humain, qui mène à l’amour idéal, nous le retrouvons dans la Samaritaine.

« Tous les amours sont beaux sauf celui de soi-même ! »

proclame Photine, rapportant la parole de Jésus, lequel nous dit lui-même :

« Je suis toujours un peu dans tous les mots d’amour »

et

« … l’amour de moi vient habiter toujours »
« Les cœurs qu’ont préparés de terrestres amours ».


« Cet « évangile » féminin et samaritain, disait Jules Lemaître, a quelque chose aussi de provençal et même de napolitain… C’est l’Évangile mis en vers par un poète de cours d’amour, par un troubadour du temps de la reine Jeanne… ». Pourtant, il faut reconnaître que c’est l’œuvre de Rostand qui présente le plus de simplicité. Le sujet, vraisemblablement, a porté et dominé l’auteur, sujet originalement choisi, car nous n’avions vu que trop de Madeleines au théâtre. Jésus, ici, sembla à quelques-uns un peu trop artiste et poète, à preuve l’esquisse qu’il trace de Photine portant l’urne ; à d’autres, il parut douceâtre et renanien, du moins dans l’interprétation de la pécheresse repentante :