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CHAPITRE V


LA « DIVINE COMÉDIE »


I


Si grande que l’on imagine la puissance créatrice du génie, l’apparition d’une œuvre comme la Divine Comédie à l’aurore d’une littérature, moins d’un demi-siècle après le moment où une langue a pris conscience d’elle-même, serait un pur miracle, si ce phénomène n’était préparé par rien. L’opinion, trop répandue, que Dante a créé d’un coup de baguette la langue et la littérature italiennes dérive d’une connaissance très superficielle des origines de cette langue et de cette littérature. Les chapitres qui précèdent ont pu donner une faible idée de l’activité intellectuelle, encore mal dirigée, mais intense et variée, qui s’était manifestée du nord au sud de l’Italie dans le cours du xiiie siècle : Florence avait recueilli ces efforts dispersés ; elle leur donnait son empreinte ; Dante enfin, résumant en lui la conscience de son siècle et les plus heureux dons de sa race, en fait la synthèse dans une œuvre vivante, frémissante de passion. La Divine Comédie ne doit donc pas être considérée