Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/137

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LA cz mvimz coméms » 117 éternelle, la Francoise de Dante est sublime. Tous ceux qui ont essayé de l’expliquer, de la faire agir et parler sur le thézitre, l’ont nécessairement affaiblie. Sordel est, lui aussi, tout entier dans un geste : replié sur lui-méme, Ei l’écart, dans une posture un peu farouche, celle d’un lion au repos, << a guisa di leon, quando si posa », il bondit au seul nom de Mantoue, et tombe dans les bras de Virgile; l’amour du sol natal pourrait diffici- lement étre exprimé d’une facon plus spontanée et plus saisissante. Farinata degli Uberti se dresse hors de sa tombe rougie pa1· le feu, mais son visage ne trahit que le dédain pour tout ce qui l’entoure; et cette attitude, commentée par les paroles du vicux chef gibelin, traduit d’une facon éloquente ce qu’il y avait d’indomptable dans ce caractére altier. Dante, qui a mis, comme in son ordi- naire, beaucoup de lui-méme dans ce personnage, ne peut se défendre d’une vive sympathie pour tant de gran- deur et de force, encore qu’il échange avec Farinata des propos ou vibre l’écho des haines de partis; c’est toute une page d’histoire, ou plutot c’est l’zime de la vieille Florence qui se dresse devant nous, non pas analysée et décrite, mais vivante et comme ramassée dans un regard, dans un pli dédaigneux de la bouche : Ed ei s’ergea col petto e colla fronte Come avenge 10 inferno in gran dispitto *. Le célébre épisode d’Ugolin a une allure dramatique beaucoup plus accusée, et le récit que ce personnage fait de sa mortidans la a tour ide la Faim » est aussi plus circonstancié. Ici aucun mystbre; pcu de sous-enteudus; tout est placé directement sous nos yeux : nous assistons 1. at I1 so dressait do toute la hauteur do sa poitrine at de son front, et paraiuait avoir pour l’enfer un souverain mépris. » (lnfl, X, 35.)