Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/152

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132 LITTERATURE 1T.u.11zNNE Albertino Mussato, mort en 1329, couronné poéte dans sa ville natale, auteur d`ouvrages historiques 5 la mani`:1·e de Tite-Live et de Salluste, d’une tragédie daus le gout de Séneque sur uu sujet moderne, et de poésies élé— giaques et religieuses, mérite plus que tout autre d’étre considéré comme un précurseur de Pétrarque. Mais l’homme du Moyen Age ne réussit pas 5 distinguer les conditions propres 5 la vie antique de celles de son siecle; il ne peut reconstituer la perspective qui donne aux idées, comme aux formes, leur véritable valeur. L5 est la tres grande supériorité de Pétrarque, et c`est 5 son heureux génie qu’il en est redevable, a la pénétration de son esprit, 5 cette l`aculté, alors si nouvelle, de se dégager de tout ce qui l’entourait; il a pu ainsi se plonger tout entier dans l’antiquité, l’aimer pour elle- méme, la revivre pour son propre compte, la ressusciter dans ses oeuvres et la présenter 5 ses contemporains comme le modéle supréme. Ajoutons 5 cela que le latin de Pétrarque est beaucoup plus clair, plus correct et plus élégant que celui de ses dcvanciers; ou y sent la main d'un artiste all`rancl1i de la tradition médiévale. Ses ceuvres latines ne sont méme pas les lourdes compilations indigestes que l’on pourrait croire : dans ses lettres, en prose et en vers, daus le Secreium, dans tel épisode de l’A/`rica 0u des églogucs, on reconnait sans peine un accent profondément per- sonnel. Cet érudit a donc été surtout un grand poete, et cela cxplique l’influence exceptionnelle qu’il a exercée. Aussi est-ce le poete qu’aujourd’hui encore on admirc en lui, mais seulement le poéte des Rbne et des Trionfi; car l’Af}*ica ne trouve plus guére de lecteurs.