Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/166

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nous ayons entendu décrire d`autre félicité que celle de la terre et des sens. Les joies que lui procurent l’amour, la nature, l’art et la poésie ne laissent pas au poete le loisir de concevoir un bonheur distinct de celui-la. Les meilleures pages des oeuvres juvéniles de Boccace sont donc celles ou l’auteur a simplement dépeint les passions amoureuses, telles qu’il avait pu les observer en lui-méme et autour de lui ——-dans le Filostrato, le Ninfézle Fie- solano, la Fiammetza ; ou encore celles ou il a décrit un coin de cette société uapolitaine au milieu de laquelle il avait vécu ses plus belles années -— dans un épisode célébre du Filocolo, qui constitue une intéressante esquisse du cadre plus vaste et plus riche, dans lequel il enchéssa plus tard les cent nouvelles du Décaméron. Ce chef-d`oeuvre lui-meme doit toute sa beauté à ce qu’il contient une peinture réaliste et plaisante de la vie humaine, avec les passions, les ridicules, les laideurs qui peuvent y frapper un observateur pénétrant et malicieux. Les problèmes de l`au-delà ne viennent jamais troubler la sérénité du conteur, ou, s’ils se présentent a lui, il les aborde avec un esprit libre de tout préjugé, et sur le ton de la raillerie la plus impertinente.

La frivolité du Décaméron est encore soulignée par l’horreur tragique des premières pages, par le tableau fameux de la peste qui désola Florence en 1348. Il ne faut exagérer ni le mérite de ce contraste saisissant, qui n’est pas sans exemple chez les contemporains mêmes de Boccace 1, ni la valeur de cette description tant admirée,

1. Le Jugement du roi de Navarre, de Guillaume de Machault, débute par une lugubre description des fléaux qui s’abattirent sur l’Europe de 1347 à 1349, et on particulier de la peste ; la suite du poeme est tout aimable et meme badine. G. de Machault parait avolr composé cette <B¤vr• lis ls En de IBN; il no eomwt donc pas l• Décaméron,